HISTOIRE D'UN RÊVE

Mon histoire avec ce lieu commence au printemps 1975. A cette époque j'avais 29 ans, marié avec 3 enfants, j'habitais dans la grande banlieue ouest de Paris. Après avoir fait un stage de 3 ans à la SNPA à Pau, j'avais été embauché par Thomson CSF (aujourd'hui Thalès) pour participer à la réalisation des premiers simulateurs de centrales nucléaires.

Job passionnant mais.....quand je me suis retrouvé dans le travail au milieu d'un service de 60 ingénieurs et dans la vie à devoir m'adapter aux vicissitudes de la région parisienne, j'ai tout de suite ressenti un malaise.

Ayant grandi à la campagne, en région bordelaise, j'aimais les grands espaces et j'attendais autre chose de mon travail. Fils d'émigrés catalans, j'avais toujours vu mon père construire, entreprendre et développer son entreprise de maraîchage. A 14 ans, j'aurais souhaité poursuivre son œuvre, mais on a pensé qu'il valait mieux que je fasse des études.

 

C'est donc au printemps 75 que Monique ma première femme m'a tendu un livre en me disant : « tu devrais le lire ». Il s'appelait : « Bambois la vie verte » et racontait l'histoire d'un couple qui s'était retiré à la campagne en vivant de tissage. Deux semaines plus tard, nous avions un métier à tisser dans l'appartement, je tissais le soir et ma femme faisait les vêtements qu'elle vendait en organisant des réunions style «  tupperware ». L'été suivant, nous sommes partis à la recherche d'un lieu de vie à la campagne. Ayant gardé un excellent souvenir de notre séjour en Béarn, nous nous sommes directement dirigés vers les Pyrénées avec l'intention de les parcourir d'Est en Ouest.

 

Partis de Perpignan, nous nous sommes arrêtés à St Girons. Là nous avons rencontré un agent immobilier atypique que j''ai commencé par appeler Monsieur Couserans (sa boutique s'appelait « Couserans immobilier »). Il m'a alors expliqué avec sa voix rocailleuse que « Couserans » c'était le pays et que son nom c'était « Caujolle, Edmond Caujolle. ». Ancien agriculteur, inscrit au parti communiste, il était devenu agent immobilier. Après un long périple au cours duquel nous avons visité un certain nombre de chalets et de granges restaurées pour le tourisme, il a enfin compris que nous souhaitions trouver un lieu pour vivre à l'année avec nos enfants et nous a emmené à CONTRAZY son village. Je l'entends encore nous dire:

«  je vois ce qu'il vous faut, je connais une propriété qui doit se vendre et je crois que vous ferez de bons voisins ».

 

Nous voici donc devant Marbois : une belle grosse maison, une belle grange sur une propriété de 19 ha placée en bout de route. Je ne pouvais pas espérer mieux. À cette époque, la vue était cachée par une butte sise devant la maison et la grange, mais il suffisait de la contourner pour qu'un merveilleux paysage vallonné avec village, hameaux et habitat isolé s'offre à nous. Coup de foudre pour l'emplacement, les bâtiments, le paysage et les voisins : Josette, René et Amélie la grand-mère qui s'était abonnée à La Dépêche pour avoir au moins la visite quotidienne du facteur ! Que d'échanges chaleureux ! Nous sommes repartis le cœur gros en région parisienne avec la promesse d'Edmond qu'il ferait tout pour que nous puissions réaliser notre rêve qui coûtait 3 fois la somme que nous pensions débourser au début de notre périple.

 

Edmond a tenu sa promesse, après 6 mois durant lesquels il n'a emmené aucun client, le prix est passé de 150 000 F à 130 000 F et en vendant   8 ha il est tombé à 110 000 F, le maximum que nous pouvions emprunter. En février 76, je suis venu signer le sous seing privé. Je me souviens, le temps était froid, il y avait de la brume à Marbois. Quand je suis rentré chez Josette, 4 femmes s'affairaient autour de canards à plumer. La scène reste gravée dans ma mémoire : vieux plancher en bois, table encombrée de volailles, 4 femmes qui plumaient en parlant et en riant avec quelques dents manquantes pour certaines et le chaudron en cuivre rempli de morceaux de canards sur les flammes de la cheminée ! Un autre monde !

Edmond s'est porté caution personnelle pour l'emprunt et voulait même nous prêter de l'argent sans intérêts !

 

Après l'achat, il restait à restaurer l'habitation et à trouver un job permettant de vivre à Marbois.

 

Le premier problème s'est bien résolu. Je n'avais jamais bricolé, j'ai appris. En région parisienne j'avais rencontré Mr Guérin ancien militaire à la retraite. Fils de charron, il avait exercé ce beau métier dans sa jeunesse et avait construit sa maison de A à Z, y compris la fabrication des parpaings !. A son contact, j'ai beaucoup appris. A la maison, je me sers toujours de la brouette en bois que j'ai fabriquée avec lui. La restauration s'est effectuée sur 8 années. Mon travail chez Thomson CSF me donnait 11 mois pour faire du tissage, préparer ma reconversion et planifier les travaux du 12ieme mois, le mois des vacances. Au premier jour de ce mois tout était réglé, les matériaux étaient commandés, Albert notre voisin maçon était disponible, mes 2 neveux Christophe et Olivier étaient là et le travail pouvait commencer. Albert était un personnage, il arrivait avant l'heure de façon à prendre son petit déjeuner sur le chantier et réfléchir en jetant de temps en temps quelques victuailles aux chiens. Il ne travaillait pas très vite mais il travaillait bien, sans pertes de temps. Il avait un petit rire malicieux et fluet. Je souris encore en le revoyant frotter chaque clou derrière son oreille pour mieux le graisser avant de le planter. Nous avancions vite quelque fois jusqu'à très tard le soir. Grands moments!

 

La reconversion ne s'est pas faite comme je l'avais imaginé. En 1985, le service que je dirigeais a été muté sur Toulouse. Une aubaine qui m'a donné l'occasion de me rapprocher de Marbois. En 1989, j'ai quitté Thomson et, avec quelques ingénieurs de mon service, j'ai créé OKTAL, une entreprise de fabrication de simulateurs que j'ai développé pendant 17 ans. Le jour de mes 60 ans, j'ai pris ma retraite et vendu mes parts. Je pouvais enfin vivre à Marbois.

 

4 ans auparavant j'avais entrepris le cursus de formation de professeur de Yoga. Mon départ à la retraite a coïncidé avec l'obtention de mon diplôme ce qui m'a permis dans la foulée d'enseigner le Yoga à Toulouse pour commencer et à Marbois 2 ans plus tard.

 

L'idée de construire un gîte n'est pas venue de suite. J'ai commencé par faire quelques rénovations à Marbois, à Toulouse, à Condom (le pays d 'Aline). C'est en rendant visite au CAUE (Conseil d'Architecture d' Urbanisme et d’Environnement) du département que le projet s'est imposé.  

Par la suite tout s'est enchaîné rapidement: visite de Gîte de France, dossiers d'aide auprès de la région et du département pour la réalisation d'un « gîte de caractère », plans avec l'architecte, démolition du plancher de la grange, pose de la première solive et … inauguration 5 ans plus tard !.

J'ai réalisé les travaux avec l'aide de beaucoup de personnes : Gérard m'a prété les machines de son atelier de menuiserie pour déligner, dégauchir, raboter et mis à disposition son précieux savoir faire pour réaliser meubles, étagères, rampes et escaliers. Patrick m'a aidé à poser les solives du plancher et le plafond de la salle « Zen Attitude », Jean Luc à percer les 8 ouvertures dans les gros murs de pierre, Priscilla à faire les enduits et peintures des cloisons. Murray m'a également aidé un peu sur toutes les tâches ainsi qu'Alexandre pendant ses vacances, un mois chaque été  et bien d'autres personnes sur des taches ponctuelles. Henri Anel a réalisé les plans, Deleire Gaïo a refait la toiture de la grange, Ludovic Fauroux a posé l'électricité, Gérard Heuillet le système d'assainissement et des éléments de toiture, Jean Pierre Eychenne les menuiseries extérieures, Claude Rouaix les charpentes du garage et de la terrasse et Patrick Chamoley les planchers chauffants et la chaufferie.

 

En novembre 2015, le gîte était labellisé par Gîte de France avec le classement 3 épis.

 

 

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